Traces
Où que nous soyons, les traces du passé nous environnent sans que nous sachions toujours les percevoir. A Busan, Séoul, Paris ou sur la toile, nous partons à la recherche de fragments d’histoire coréenne. Nous cherchons à les comprendre et à leur offrir un éclairage singulier.
En raison du contexte sanitaire, le séjour d’étude est une nouvelle fois annulé !
Les membres de CMW réaliseront tout de même leur documentaire interactif, avec les éléments qu’ils et elles ont en leurs possessions.
Le mot d’ordre : ADAPTATION !
Sept thèmes proposés pour cette nouvelle année 2021 :
- Mouvement Saemaul
Le mouvement Saemaul nait le 22 avril 1970. Lancé par le président de l’époque (Park Chung Hee), il s’emploie à repenser et reconstruire les campagnes sud coréennes sur la base de l’entraide et de la collaboration entre les villageois.
Bien que salué et reconnu pour son efficacité, ce mouvement a aussi permis au gouvernement central d’assoir son pouvoir sur l’ensemble du territoire, dans un mouvement qui combinait habillement modernisation et contrôle social.
Après avoir rassemblé quelques documents d’époque (vidéos, documents d’archives, chansons…), nous partirons de Cheongdo, village coréen porteur de l’idée originelle du mouvement, pour en apprendre davantage à l’aide des différents témoignages recueillis sur place. Entre zones d’ombres et avis dogmatiques ou tranchés, nous nous interrogerons sur ce qu’ont réellement vécu les acteurs de ce mouvement.
- Gwangju
Du mouvement du 18 mai 1980, qui a vu la ville de Gwangju se dresser contre le coup d’état du général Chun Doo-hwan puis s’ériger en commune autonome avant d’être le théâtre d’une impitoyable répression, on connait les photographies : images de soulèvement, d’entraide, de solidarité, d’effroi et de deuil. Scrupuleusement inventoriées par la fondation 5.18, elles constituent aujourd’hui un corpus bien identifié.
En 2019, près de quarante ans après les événements, la découverte d’un film tourné au cœur de l’insurrection vient bousculer ce répertoire visuel un peu usé.
De ce film, de son auteur et de ses intentions on ne sait quasi rien. Il s’agit donc, à partir de ce témoignage fragile, unique et bouleversant, de mener l’enquête.
- Jardins de Busan
Avec les jardins-potagers à Busan comme point de départ, nous souhaitons enquêter sur la transmission et le souvenir de pratiques liées à l’agriculture et au jardinage auprès des populations urbaines en Corée du sud. Ce travail reposera sur une observation des traces actuelles de ces pratiques dans la ville ainsi que sur le recueil de témoignages d’anciens ruraux perpétuant cette tradition.
Notre mise en scène pourrait alors se construire autour de cette recherche d’une Corée en voie d’effacement, rurale et paysanne, à partir des dernières traces qui subsistent d’elle.
- Mouvement BU-MA
Suite à l’instauration, le 16 octobre 2019 à l’initiative du président Moon Jae-in, d’une journée de commémoration nationale dédiée au mouvement démocratique Bu-Ma (nommé ainsi d’après les villes de Busan et Masan, où il s’est déroulé), la mémoire de cette manifestation contre la dictature (16-20 octobre 1979) s’est trouvée puissamment réactivée.
Deux musées (Busan Museum et Masan Independance Hall) ont décidé de consacrer un espace dédié à cet événement. Ainsi, la mémoire oubliée de cette protestation étudiante apparait enfin sur la place publique. Mais elle semble aussi, dans le même temps, largement « officialisée ».
A travers ce documentaire, nous souhaitons nous intéresser aux tensions entre mémoire officielle et mémoires particulières. Nous nous appuieront notamment sur les témoignages d’acteurs de l’époque.
- YU Gwan-sun
Notre documentaire interactif s’intéresse aux représentations artistiques d’une des opposantes à la colonisation japonaise : Yu Gwan-sun (1902-1920). Cette jeune lycéenne s’engagea dans le mouvement d’indépendance du 1er mars 1919 et joua un rôle actif dans les manifestations qui se déroulèrent le 1er avril suivant dans sa ville natale, Cheonan. Arrêtée par les autorités japonaises, emprisonnée, torturée, elle meurt le 28 septembre 1920, peu avant son 18e anniversaire.
Nous examinerons l’iconographie associée à cette jeune femme devenue une figure de la lutte contre l’occupant japonais, tout en analysant son influence sur différents artistes mais également sur les nouvelles générations qui voient en elle un symbole de lutte et de résistance.
- Plongeuses de Busan à Yeongdo
Une communauté de femmes plongeuses appelées « Haenyeos » s’est développée en Corée du Sud, en particulier sur l’île de Jeju mais aussi à Busan dans le quartier de Yeongdo. Ces femmes gagnent leur vie en cueillant des fruits de mer dans les profondeurs sous-marines. Aujourd’hui encore, les Hanyeos continuent de plonger malgré leur âge avancé. Leur nombre a cependant grandement diminué.
Nous souhaitons recueillir le témoignage de ces femmes plongeuses et mettre en lumière cette activité traditionnelle qui nous fascine. Nous voulons nous effacer au profit d’une approche contemplative, poétique et retranscrire leurs rituels, traces du passé, toujours ancrés dans le présent.
- Roi Sejong / Amiral Yi
Le règne de Sejong (1418-1450) est aujourd’hui associé à un véritable âge d’or pour la péninsule coréenne. Protecteur des arts et des sciences, roi lettré, celui qui passait pour un modèle de souverain confucéen occupe aujourd’hui une place de choix dans le roman national coréen.
Face à lui, à Gwanghwamun, au cœur de Seoul, se dresse l’Amiral Yi : tout à la fois icône de la lutte victorieuse contre les Japonais lors de la guerre Imjin (1592-1597) et symbole de l’inventivité technique coréenne avec l’utilisation des premiers navires cuirassés.
Ces deux hommes sont devenus des figures tutélaires que tout semble opposer.
Aujourd’hui, à travers quel “héros” les Coréens se reconnaissent-ils ? le guerrier ou l’humaniste ? Comment le mythe contribue-t’il, à sa manière, à la construction de l’identité coréenne ?